La période située entre l’invasion de l’Afghanistan par l’Armée rouge en 1979 et la prise de Kaboul par les talibans, le 15 août 2021, correspond à une montée en puissance du terrorisme islamiste. Se multipliant, les attentats ont frappé partout dans le monde, atteignant jusqu’au coeur des pays occidentaux – New York, Madrid, Londres, Paris, Moscou… –, exacerbant les sentiments de peur, de méfiance et de suspicion à l’égard des musulmans, et même un sentiment antimusulman. Dans les démocraties, le terrorisme islamiste favorise à la fois le rejet de l’islam et les demandes d’autoritarisme.
Pourtant, malgré son importance, la réalité de cette violence n’a pas été précisément mesurée. La Fondation pour l’innovation politique a voulu contribuer à ce travail d’évaluation en quantifiant le terrorisme islamiste, en repérant les formes qu’il a pu prendre au fil de ces décennies, en recensant les actes qu’il a pu inspirer ou initier, en estimant le nombre de ses victimes, en identifiant les organisations les plus meurtrières et les pays les plus touchés. Ce travail pionnier a été publié en novembre 2019 dans un rapport intitulé Les attentats islamistes dans le monde 1979-2019, disponible en ligne sur le site fondapol.org, en version française, anglaise et arabe. Pour ce faire, nous avons collecté une très grande quantité d’informations, au point de construire une volumineuse base de données. Elle est disponible ici en open data.
Deux ans plus tard, nous proposons aux lecteurs une mise à jour de notre base de données devenue indispensable à la description et à la compréhension d’une nouvelle réalité politique singulièrement problématique. L’actualisation de l’étude qui est ici proposée s’étend jusqu’en mai 2021. La reprise de cet important travail fait écho à la commémoration des attaques terroristes du 11-Septembre aux États-Unis. Le vingtième anniversaire de cette tragédie coïncide avec l’annonce du retrait américain d’Afghanistan par le président Biden, la prise de Kaboul par les talibans le 15 août 2021, puis le retrait des dernières troupes américaines sur le sol afghan le 31 août 2021.
La masse d’informations recueillies éclaire d’un jour nouveau le phénomène de la violence islamiste. Elle permet de mieux la décrire, de mieux la comprendre, de mieux la documenter. Ainsi, malgré toutes les difficultés de cette tâche, nous montrons qu’entre 1979 et mai 2021 au moins 48 035 attentats islamistes ont eu lieu dans le monde. Ils ont provoqué la mort d’au moins 210 138 personnes. En moyenne, un attentat islamiste a causé la mort de près de 4,4 personnes. Nous identifions et quantifions les modes opératoires et les cibles. Les explosifs sont le type d’arme le plus utilisé (43,9 %), tandis que les militaires sont la cible principale (31,7 %), devant les civils (25,0 %) et les forces de police (18,3 %). La vision du phénomène se précise, l’image devient plus nette. L’Afghanistan a été le pays le plus touché par le terrorisme islamiste, devant l’Iraq et la Somalie. Au sein de l’Union européenne, la France a été le pays le plus frappé, avec au moins 82 attentats islamistes et 332 morts. Nous montrons également que la majorité des attentats islamistes (89,5 %) touchent des pays musulmans et que les victimes sont principalement des musulmans, dans les mêmes proportions.
L’information réunie est inédite. Nous espérons que son contenu et son utilisation contribueront à la connaissance et à la qualité du débat comme de la décision publique.
The period between the invasion of Afghanistan by the Red Army in 1979 and the capture of Kabul by the Taliban on 15 August 2021 corresponds to a rise in Islamist terrorism. As attacks have multiplied, they have struck all over the world, reaching into the heart of Western countries – New York, Madrid, London, Paris, Moscow… – exacerbating feelings of fear, mistrust and suspicion of Muslims, and even of anti-Muslim sentiment. In democracies, Islamist terrorism fosters both rejection of Islam and demands for authoritarianism.
Despite its importance, the reality of this violence has not been accurately measured. The Fondation pour l’innovation politique wanted to contribute to this assessment by quantifying Islamist terrorism, identifying the forms it has taken over the decades, listing the acts it may have inspired or initiated, estimating the number of its victims, and identifying the most deadly organisations and the countries most affected. This pioneering work was published in November 2019 in a report entitled Islamist terrorist attacks in the world. 1979-2019, available online at fondapol.org, in French, English and Arabic. To do this, we collected a huge amount of information, to the point of building a voluminous database available here in open data.
Two years later, we offer readers an update of our database, which has become indispensable for the description and understanding of a new and singularly problematic political reality. The update of the study proposed here extends through May 2021. The revival of this important work echoes the commemoration of the 9/11 terrorist attacks in the United States. The twentieth anniversary of this tragedy coincides with President Biden’s announcement of the U.S.’ withdrawal from Afghanistan, the Taliban takeover of Kabul on 15 August 2021, and the withdrawal of the last U.S. troops from Afghanistan on 31 August 2021.
We believe that the mass of information gathered sheds new light on the phenomenon of Islamist violence. It makes it possible to better describe it, to better understand it, to document its severity. Thus, by way of illustration, we can establish that between 1979 and May 2021, at least 48,035 Islamist terrorist attacks took place worldwide. They caused the deaths of at least 210,138 people. On average, an Islamist attack has resulted in the death of around 4.4 people. We identify and quantify the modus operandi and targets. Explosives are the most common type of weapon used (43.9%), while the military is the main target (31.7%), ahead of civilians (25.0%) and police forces (18.3%). The picture of this phenomenon is becoming clearer. Afghanistan was the country most affected by Islamist terrorism, ahead of Iraq and Somalia. Within the European Union, France was the country most affected, with at least 82 Islamist attacks and 332 deaths. We also show that the majority of Islamist attacks (89.5%) were in Muslim countries and that the victims were mainly Muslims, in the same proportions.
The information gathered is unprecedented. We hope that its content and use will contribute to the knowledge and quality of the debate and public decision making.